Le système éducatif au Kenya
Le système éducatif au Kenya est bâti sur trois grands cycles, nommé « The 8-4-4 system ». Les enfants passent huit ans à l’école primaire, quatre ans à l’école secondaire et enfin quatre ans à l’université. A la fin des études primaires les étudiants obtiennent un certificat, (Kenya Certificate of Primary School Education) équivalent du brevet en France. Après quatre ans au lycée les étudiants obtiennent le « Kenya Certificate of Secondary Education », équivalent du baccalauréat en France. L’école primaire est gratuite au Kenya depuis 2003.
Kimani Maruge a intégré l’école primaire à l’âge de 84 ans.
Les étudiants sont notés en format ABCDE. Il n’y a pas de séparation entre l’école primaire et le collège comme en France. Les notes obtenues au lycée permettent aux étudiants avec des bonnes notes (de A à C+) d’intégrer l’université. Malheureusement, les études secondaires et universitaires coûtent très cher au Kenya et souvent les étudiants issus des familles les plus modestes ne poursuivent pas leurs études jusque là.
Cet article se base seulement sur l’école primaire car pour moi, c’est le fondement sur lequel se bâtissent les systèmes éducatifs. C’est un sujet qui me tient à cœur et je remercie eduPad de m’avoir accordé cette chance. Mon enfance est remplie de plein de bons moments, je m’en souviens avec beaucoup de nostalgie ; aller à l’école était pour moi une expérience à la fois enrichissante et difficile par moment. Enrichissante au niveau intellectuel, mais également difficile car j’ai constaté à maintes reprises que nombre de mes camarades de classe devaient quitter l’école à cause de mariages forcés ou tout simplement à cause de la pauvreté. Je dédie cet article à un garçon de ma classe qui après avoir obtenu une moyenne de 18/20 au brevet, n’a pas pu aller au lycée faute de moyens (c’est souvent le cas au Kenya). Malgré sa situation difficile, il n’a pas baissé les bras et a du travaillé pendant trois ans pour enfin pouvoir se payer les frais de scolarité et intégrer un lycée. Sa ténacité pourrait être une source d’inspiration pour beaucoup de gens.
La plupart des écoles primaires ouvrent leurs portes à sept heures de matin et les enfants restent jusqu’à dix sept heures. Le port de l’uniforme est obligatoire dans les écoles primaires et dans les lycées. Cinq matières sont enseignées au niveau primaire kenyan (c’est-à-dire l’école primaire et le collège). Les enfants apprennent les maths, les sciences dures et les sciences sociales, l’anglais et le swahili qui sont les langues officielles de Kenya. Tous les jours sauf le vendredi soir les enfants font leurs devoirs à l’école.
Les enfants à l’école au Kenya
J’ai eu l’occasion de travailler dans des écoles primaires en France et je dois avouer que l’interaction entre les étudiants et leurs professeurs m’a beaucoup surprise. En comparaison avec le Kenya, en France les étudiants peuvent échanger et même jouer avec leurs professeurs. C’est rarement le cas au Kenya où les enfants subissent des châtiments corporels et des punitions démesurées. Cela cultive la peur, pas l’envie d’apprendre. Souvent les enfants ont peur de parler à leurs enseignants ou de poser des questions en classe. Une bonne relation entre enseignants et élèves ne peut pas exister tant que l’étudiant a peur de son professeur.
Les violences physiques ou psychologiques auprès des enfants sont illégales au Kenya depuis 2001, malheureusement cette loi n’est pas respectée dans beaucoup d’écoles. Le Kenya a encore du chemin à parcourir au niveau de respect des droits des enfants.
Durant l’élection présidentielle de 2013, les questions d’éducation furent abordées de manière très récurrente dans les programmes politiques. Le nouveau gouvernement a promis d’équiper tous les élèves de CP avec des ordinateurs portables et de construire des salles d’informatique dans toutes les écoles primaires. Je trouve que c’est un projet innovant, mais en mettant en considération les coupures d’électricité, la meilleure solution pour les écoles au Kenya pourrait être des tablettes. Ces dernières sont plus simples à prendre en main qu’un ordinateur et coûteront moins cher au gouvernement.
Jusqu’à présent, il n’y a toujours pas de formation à l’informatique en général pour les élèves de l’école primaire publique au Kenya, aussi bien comme outil que comme objet d’enseignement, mais cela pourrait bien commencer dans un proche avenir si le gouvernement tient ses promesses. Ceci devrait contribuer non seulement à faire rattraper au Kenya son retard en la matière, mais aussi à renforcer les relations entre les élèves et les enseignants. De plus, je pense que les applications éducatives seront encore un plus dans le renforcement de ces liens.
Je ne dis pas que la technologie est le seul moyen de renforcer les liens entre les élèves et enseignants, mais cela peut apporter une dimension ludique à l’éducation, dimension aujourd’hui inexistante dans le milieu scolaire kenyan encore très traditionnel. Il faudrait également insister sur la mise en application de lois protégeant les enfants. Le châtiment corporel a été supprimé en 2001 mais malheureusement cette pratique continue toujours, particulièrement dans les zones rurales où le niveau de pauvreté est plus haut que dans les zones urbaines. Problèmes qui s’ajoutent aux classes surchargées (30 à 45 élèves en moyenne), les mauvaises conditions de travail et les bas salaires qui laissent la plupart des professeurs surmenés et démotivés.
Lucy King’oo a passé toute son enfance au Kenya. Elle est venue en France à l’âge de 21 ans et aujourd’hui, elle termine son cursus universitaire avec un Master 2 en Sciences Humaines à La Sorbonne Nouvelle. Elle a deux amours : son pays et Paris, sans oublier la cuisine épicée et les voyages.